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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/284

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tune leur permirent de faire face aux dépenses des premiers temps. M. Duval savait parfaitement l’anglais et l’allemand, il fit des traductions ; sa femme peignait à ravir, elle fit des dessins d’album et jusqu’à des éventails. À force de travail, de privations et surtout de présence d’esprit et d’adresse, ils parvinrent pendant près de deux ans à tromper ainsi leur mère, qui, ne trouvant aucun changement matériel dans ses habitudes, ne se douta pas un instant du malheur qui avait frappé ses enfants, malheur qui lui aurait été doublement funeste, et par le chagrin qu’elle en eût ressenti, et par les privations qu’elle eût voulu s’imposer. Enfin, il y a quelques jours, M. Duval reçut cent mille francs avec une lettre qui lui annonçait que cette somme était une restitution de la part du banqueroutier qui l’avait ruiné. — D’autres personnes attribuent ce don à un bienfaiteur mystérieux.

— Ce qui paraît bien plus probable que le remords d’un maltôtier, — dit ma tante.

— Toujours est-il, mademoiselle, que, grâce à cette somme, ces bons et braves jeunes gens, maintenant habitués au travail,