ont presque retrouvé l’aisance qu’ils avaient perdue, et leur vieille mère ne s’est pas aperçue qu’elle avait côtoyé de si près la misère.
— Ça finit comme ça avait commencé, — dit mademoiselle de Maran, — et ça prouve que la bonne conduite est toujours récompensée. C’est pour cela que lorsque la belle princesse Ksernika ira devant le bon Dieu, elle n’y restera pas longtemps.
— Vous riez, Madame, — reprit M. de Lancry ; — eh bien ! j’aurai le courage de maintenir cette anecdote comme un des faits qui honorent le plus notre temps. — Puis, s’adressant à moi : — Ne trouvez-vous pas, Mademoiselle, qu’il y a une bien rare délicatesse dans cette conduite ? Avoir assez d’empire sur soi pour étouffer toute plainte, toute allusion involontaire au malheur dont on souffre et que l’on cache avec une si pieuse sollicitude ? Avoir, au milieu des inquiétudes navrantes de la pauvreté, assez de présence d’esprit, assez de force d’âme pour conserver toujours le caractère égal et gai que donne l’habitude de la richesse ? N’est-ce pas enfin un noble et touchant tableau, que de voir ces deux jeunes