Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/30

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frères étaient pâles comme des spectres. Fallait-il attribuer cette pâleur aux fatigues de la nuit précédente ou aux ressentiments de quelque grand danger ? La narration de Godet l’aîné va nous l’apprendre.

Les habitués du café se formèrent en cercle autour de lui ; il commença :

— Je n’ai pas besoin de vous dire, Messieurs, qu’ayant courageusement voué ma vie à la découverte du ténébreux mystère qui, j’ose l’affirmer, importe à tous les honnêtes gens, il…

— Alors, ne dites pas, — fit observer sagement un auditeur.

— Comment ? — répondit M. Godet.

— Sans doute, — répondit l’habitué, — vous vous écriez : Je n’ai pas besoin de vous dire !… et puis vous dites tout de même… Alors.

— C’est bon, mais c’est bon, — cria-t-on tout d’une voix. — Vous ne dites que des sottises. monsieur Dumont ; continuez donc, monsieur Godet, continuez, nous vous écoutons de toutes nos forces.

— Hier, donc, — reprit M. Godet, — à la