Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/31

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nuit tombante, moi et Dieudonné, nous nous embusquâmes aux deux issues de la ruelle, bien décidés à pénétrer ce susdit ténébreux mystère. L’horloge de la paroisse sonna sept heures…, rien ; huit heures… rien ; neuf heures… rien ; dix heures… rien ; onze heures… rien.

— Quel dévoûment ! attendre si longtemps par le froid ! — s’écria l’auditoire.

— Comme vous auriez eu besoin d’un bon bol de vin chaud ! — soupira madame Lebœuf.

— Je ne m’étonnai pas ! — reprit M. Godet d’un ton doctoral. — Non, eh bien, moi, messieurs, je ne m’étonnai pas de ce retard ; je m’y attendais. Je m’étais dit : — Godet, si quelque chose doit se passer, je dois te prévenir que cela se passera à minuit ; c’est ordinairement l’heure criminelle de certaines entreprises… que… Mais n’anticipons pas. Minuit venait donc à peine de sonner, lorsque j’entends distinctement cric, crac, et on ouvre la serrure de la petite porte.

— Ah ! enfin !… — dit l’auditoire.

— Comme le cœur a dû vous battre, mon-