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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/323

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moment une pensée impie suspendit mes larmes… La maison de mon père est entourée de fossés profonds et remplis d’eau… je me levai… j’ouvris ma fenêtre… je mesurai la hauteur ; la lune était voilée, il faisait une triste nuit d’hiver, le vent gémissait, je m’avançai hors du balcon… je me dis : Mieux vaut une mort criminelle, sans doute, que la vie qui m’attend. Un vertige me saisit ; j’allais peut-être céder à une funeste inspiration, lorsqu’en donnant un dernier adieu à tout ce qui m’était cher, c’est-à-dire à toi, ton souvenir m’arrêta… Grâce encore te soit rendue, Mathilde ! car ce souvenir m’a retenue au bord du précipice, il m’a empêchée de commettre un crime, je me suis résignée à vivre…

« Hélas ! cette vie que je dispute si faiblement aux chagrins qui m’accablent, cette vie ne s’usera-t-elle pas bientôt ? Oh ! si cela était… si cela était ! je bénirais Dieu de me retirer de cette terre, j’accepterais la mort comme la douce récompense de tant de sacrifices que j’ai eu le courage de m’imposer.

« Le jour fatal arriva ; le matin mon père