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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/324

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me renouvela les plus sévères recommandations. J’attendis avec autant d’accablement que de morne indifférence le moment où l’on me présenterait M. Sécherin.

« Malgré les ordres, malgré la colère de mon père, je n’avais mis aucun soin à ma toilette. Comment en aurais-je eu le courage, mon Dieu ! j’avais une robe noire, véritable emblème des pensées qui navraient mon cœur. Mes cheveux tombaient en longues boucles autour de mon visage pâli par la douleur ; je me tenais si courbée sous le poids du malheur qui m’accablait, que mademoiselle de Maran m’aurait bien certainement cette fois et avec raison reproché d’être contrefaite.

« Mon père eut beau me gronder durement, m’ordonner de me tenir mieux, de prendre un air souriant, je ne pus vaincre les pénibles émotions qui m’agitaient ; c’est à peine si je tournai la tête lorsqu’on annonça M. Sécherin et sa mère.

« M. Éloi Sécherin est, m’a dit mon père, intéressé dans de très grandes entreprises, et il augmente chaque jour la fortune que lui a laissée son père. Je ne puis rien te dire de sa