Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/41

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ture fine et couchée… le numéro avant la rue…. oui ! oui !… plus de doute, cette lettre est d’une Anglaise !

Que pouvait avoir de commun une femme qui portait des odeurs, une Anglaise avec un beau colonel étranger, qui ne sortait jamais le jour, et qui allait dans les cimetières pendant la nuit ?

Tel fut le résumé des questions que se posèrent les habitués.

Penchés autour de l’enveloppe, leurs yeux flamboyaient de convoitise.

Certes, on peut affirmer, sans trop méjuger de l’espèce humaine, que, s’il avait dépendu des curieux du café Lebœuf de pouvoir immédiatement noyer d’un seul vœu le malheureux facteur pour posséder cette précieuse lettre, le messager à collet rouge eût couru de grands dangers.

La veuve n’y tint pas, elle eut l’audace de soulever un coin de l’enveloppe afin de tâcher d’apercevoir quelque chose de son contenu.

Le facteur s’élança sur sa lettre en s’écriant qu’il y allait de sa place et de la prison pour un tel abus de confiance.