Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/42

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La veuve, emportée hors de toute limite par le démon de la curiosité, tint bon ; l’enveloppe allait se déchirer dans cette lutte, lorsqu’un des habitués s’écria : — Messieurs ! messieurs ! en voici bien d’une autre ! une femme ! une femme qui a l’air de chercher le numéro de la tanière du Vampire !…

Ces mots eurent un effet magique.

La veuve abandonna la lettre déjà froissée, et colla son gros visage à ses carreaux marbrés par la gelée. Le facteur sortit en toute hâte, très-satisfait d’avoir échappé à ce guet-apens.

Madame Lebœuf gratta légèrement avec son ongle la vapeur glacée qui s’était formée à l’une des vitres, se ménagea une percée de vue et regarda attentivement dans la rue.

— Messieurs, ne nous montrons pas, — dit M. Godet, — nous effaroucherions cette femme ; imitons cette chère madame Lebœuf, mettons-nous chacun à notre trou, et motus.

Une fois aux aguets, les curieux furent amplement dédommagés de leur longue attente de trois mois ; les événements semblaient ce jour-là s’accumuler.