Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/66

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Cette nouvelle était tellement inattendue, si surprenante, que les deux jeunes gens ne la pouvaient croire.

Mille sentiments contraires, l’inquiétude, la colère, la jalousie, la vengeance, la curiosité, se heurtèrent dans l’esprit de Gaston.

— Monsieur, — s’écria-t-il en pâlissant, — il faut que vous me disiez à l’instant quelle est la personne que vous avez surnommée le Vampire, et quelle est sa demeure.

— Peste ! vous n’êtes pas dégoûté, mon cher ami, — pensa M. Godet, qui n’était pas disposé à abandonner sitôt ses victimes. Il reprit, en montrant son crâne chauve : — Je vous ferai observer, Messieurs, qu’à mon âge je ne suis plus dans mon printemps. Si vous vouliez rentrer au café Lebœuf, nous y causerions sans y geler.

— Soit, Monsieur, — dit Gaston en reprenant avec impatience le chemin du café de la veuve.

Jamais triomphateur romain, traînant à sa suite des populations esclaves, ne fut plus fier que M. Godet en rentrant dans le café de la veuve, suivi des deux jeunes gens.