Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/67

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Il fit un signe aux habitués, afin de modérer leur curiosité, et s’enfonça dans un coin du café.

M. Godet se garda bien d’apprendre tout de suite aux deux jeunes gens le nom du colonel ; malgré leur impatience, il leur fallut subir toutes les absurdes histoires forgées par le doyen des habitués du café Lebœuf.

Sans les faits précis, évidents, que cet impitoyable curieux avait déjà révélés, Gaston n’aurait pas ajouté la moindre foi à ses paroles ; il fut pourtant obligé d’entendre l’histoire du coup de fusil, de la voiture magnifiquement harnachée, de l’uniforme du colonel, et, enfin, de ses sacrilèges stations au cimetière du Père-Lachaise.

À travers toutes ces sottises, les jeunes gens furent du moins frappés de l’existence étrange du colonel.

— Enfin, Monsieur, — dit Gaston, — j’ai l’honneur de vous le demander pour la vingtième fois, faites-moi la grâce de me dire où demeure cet homme. Tous ces détails sont fort curieux sans doute, mais encore une fois l’adresse du colonel, son adresse…