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Gontran, souriant de ma surprise, m’offrit son bras.

Nous suivîmes un petit sentier déjà tout parfumé de violettes et de primevères. Après quelques minutes de marche, nous arrivâmes devant une haie d’aubépine fleurie, très haute, très épaisse, au milieu de laquelle était une porte de bois rustique.

Blondeau l’ouvrit, nous entrâmes.

Je vis une maisonnette et un jardin qui auraient tenu dans le grand salon de l’hôtel de Maran.

Jamais chalet ne fut plus coquettement orné que cette maisonnette, son toit disposé en gradins était couvert de pots de fleurs cachés dans la mousse ; les massifs du jardin étaient tellement encombrés de rosiers, d’héliotropes, de jasmins, de gérofliers, de petits lilas de Perse, que ce parterre ressemblait à une immense jardinière ou à un gigantesque bouquet.

Notre maisonnette se composait d’un rez-de-chaussée ; en entrant, un petit salon où je vis, avec une douce surprise, mon piano, ma harpe, mes livres que j’avais laissés la veille à l’hôtel de Maran. Cela tenait du prodige.