Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/105

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tran me regarda souvent. Jamais, je crois, je ne me sentis l’âme plus élevée ; jamais je n’eus d’aspirations plus généreuses.

Je songeais avec enchantement à tous les grands, à tous les pieux devoirs que j’allais remplir. Je contemplais l’avenir avec une sérénité calme et fière ; j’attendais avec une religieuse impatience le moment de prouver à M. de Lancry tout ce que valait mon cœur.

En pensant enfin que peut-être, à force d’amour, je deviendrais indispensable au bonheur de la vie de Gontran, un moment j’éprouvai la folle ardeur, le glorieux enivrement, le magnifique orgueil que l’ambition doit causer aux hommes. ......

Nous arrivâmes à Chantilly.

Nous étions à la fin d’avril. Le soleil à demi voilé répandait une lumière douce et tiède. À mon grand étonnement, notre voiture entra dans la forêt, côtoya les étangs si pittoresques de la Reine Blanche, et atteignit la lisière des bois qui bordent le désert.

M. de Lancry me fit descendre de voiture, il la renvoya avec son valet de chambre ; madame Blondeau restait seule près de nous.