Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/108

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encore d’un vert tendre, frémissaient au léger souffle de la brise, des oiseaux de toute espèce gazouillaient, voltigeaient, se cherchaient dans ces arbres magnifiques, et troublaient seuls de leurs petits cris joyeux le profond silence de la forêt.

Mon cœur se dilatait avec force. J’aspirais avec une ineffable avidité tous les parfums, toutes les suaves émanations de la nature.

Je m’appuyai davantage sur le bras de Gontran… nous marchions lentement… À peine nous échangions de temps à autre quelques rares et distraites paroles.

Un moment, je voulus me rappeler quelques impressions de ma première jeunesse : chose étrange ! cela me fut presque impossible.

Le passé m’apparaissait comme vague, voilé ; mes souvenirs m’échappaient. Je n’ai jamais pu m’expliquer cette bizarre sensation. Était-ce donc que le bonheur présent envahissait, absorbait assez mes facultés pour m’ôter même la mémoire des anciens jours ?

Bientôt ces ressentiments devinrent si vifs