Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/125

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vous aimiez en effet beaucoup M. Lugarto pour lui faire le sacrifice que vous lui faites… Nous étions si heureux dans notre retraite !

— Oui, oui, sans doute, mais, de son côté, Lugarto m’a autrefois rendu de très grands services ; je vous conterai cela.

— Oh ! alors, mon ami, si vous acquittez une dette de reconnaissance, je ne me plains plus ; d’ailleurs j’ai mon projet, et, à mon tour, je vous demanderai une grâce à laquelle je tiens beaucoup.

— Parlez… parlez… Mathilde.

— Eh bien ! il faut me promettre de venir chaque mois passer quelques jours dans notre maisonnette de Chantilly.

Gontran me regarda avec étonnement.

— Mais cette maison ne m’appartient pas, me dit-il.

Mon cœur se serra douloureusement.

— Comment cela ? lui demandai-je.

— Mon Dieu ! rien de plus simple ; j’avais chargé mon homme d’affaires de me chercher une petite maison à Chantilly ou dans quelque endroit bien retiré, et de me la louer pour la saison ; il m’a trouvé cette maison de paysan