Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/126

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presque enclavée dans la forêt ; je vins la voir, cela me parut charmant comme position, j’y envoyai mon architecte qui est très bon décorateur ; car, vous le voyez, il a transformé une affreuse chaumière en un vrai chalet d’opéra. Cela se trouvait d’autant mieux que le propriétaire de cette masure et de quelques arpents de terre qui en dépendent est sur le point de les vendre à M. le duc de Bourbon ; dès qu’on aura enlevé ce que nous avons laissé dans cette maisonnette, on l’abattra ; je ne l’avais louée que pour quatre mois, et il nous reste, je crois, encore environ trois semaines de jouissance.

Hélas ! les paroles de Gontran me rappelèrent cruellement ma remarque du matin, sur l’éclat factice des fleurs éphémères de notre jardin.

Sans le vouloir, M. de Lancry me causait un sensible chagrin. Cet homme d’affaires, ce décorateur, ce loyer… tous ces mots vinrent gâter un à un tous mes souvenirs chéris.

Sans doute je n’étais pas assez insensée pour vouloir échapper aux réalités de la vie ; mais il me semblait qu’un si petit réduit devait rester environné de tout son prestige, de