Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/173

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— Il ne s’agit pas de comprendre ; il s’agit de m’obéir sans interpréter mes paroles, sans scruter mes sentiments secrets. Si je vous dis que M. Lugarto est mon ami, si je vous demande de le traiter comme tel, vous devez me croire et m’obéir sans raisonner ni réfléchir.

— Ne vous fâchez pas, Gontran… je vous obéirai ; seulement laissez-moi vous dire qu’il m’en coûte beaucoup. Dans ce seul jour vous m’avez demandé deux bien cruels sacrifices : revoir mademoiselle de Maran, et admettre dans notre intimité un homme dont le caractère et les manières doivent inspirer une profonde aversion à tous ceux qui comme vous n’excusent pas M. Lugarto par une indulgente amitié… Encore une fois, mon ami, parce que le sacrifice que je fais est pénible, ne croyez pas que je manquerai à ma promesse… Plus les preuves de dévoûment que vous me demandez sont grandes, plus elles me seront douloureuses, plus, je l’espère, elles vous attesteront de la vivacité de mon amour… Pardonnez-moi donc, mon ami… l’hésitation que j’ai mon-