Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/183

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que infamie, qu’elle mérite bien, d’ailleurs, car, quoique son mari la batte comme plâtre, et qu’il lui ait déjà cassé un bras, elle est loin d’être quitte envers lui ; elle lui redoit au moins son autre bras et ses deux jambes, s’il est disposé à lui briser un membre par chaque amoureux. Mais, c’est égal, l’impudence de ce M. Lugarto m’a révoltée. Je n’ai consenti à recevoir cette espèce archimillionnaire que pour me donner le régal de le flageller d’importance.

Malgré l’aversion que mademoiselle de Maran m’inspirait, je ne pus m’empêcher de lui savoir gré de cette résolution.

Les deux femmes nouvellement arrivées causèrent quelques instants avec mademoiselle de Maran, Gontran et M. Lugarto.

— Dites donc, monsieur Lugarto, — s’écria tout-à-coup mademoiselle de Maran, tout en travaillant à son tricot, et en interrompant l’un de ces silences qui coupent souvent les conversations ; — est-ce que c’est à vous cette voiture où je vous ai rencontré l’autre jour ?

— Pour quelle raison me demandez-vous cela ? — dit négligemment M. Lugarto.