Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/186

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ingénieusement vos monceaux de piastres et de doublons… Sans compter les deux lions rampants dont ces imbéciles ont affublé votre écusson. Dites-moi, savez-vous qu’ils feraient un effet superbe, vos deux lions rampants, s’ils n’avaient pas l’inconvénient d’appartenir à la maison royale d’Aragon.

— Mais, Madame, ce n’est pas moi qui ai inventé ces armoiries. Ce sont celles de ma famille, — dit M. Lugarto en se levant avec impatience, et en lançant un coup-d’œil furieux sur Gontran.

Celui-ci voulut en vain intervenir dans la conversation ; mademoiselle de Maran n’abandonnait pas si facilement sa proie.

— Ah ! mon Dieu !… mon Dieu !… Vraiment… ce sont les armoiries de votre famille ? — s’écria ma tante en ôtant ses lunettes, et en joignant les mains avec une apparente bonhomie. — Pourquoi donc que vous ne me l’avez pas dit tout de suite ? Après cela, il n’y a rien que de très naturel là-dedans. Il est probable, voyez-vous, qu’un Lugarto, pour quelque beau fait d’armes contre les Morisques d’Espagne, aura obtenu d’un roi d’Aragon la faveur insi-