Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/19

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j’apprécie toute la délicatesse, l’empêcha de profiter d’une somme due à la mort successive de plusieurs personnes. Cette somme fut, par lui, destinée à de bonnes œuvres. Pendant sa vie, il en employa une partie. Lorsque je le perdis, il me recommanda d’user du reste de cet argent dans le même but. J’ai appris, Monsieur, avec quelle pieuse énergie vous aviez, pendant deux années, lutté contre le sort. J’ai appris combien votre conduite envers votre mère avait été admirable : je n’ai donc fait, Monsieur, vous le voyez bien, qu’obéir aux ordres de mon père. J’avais cru que ceci demeurerait secret, comme tant d’autres généreuses actions de mon père. Le hasard a voulu qu’il n’en fût pas ainsi, Monsieur. — Je vous avoue que maintenant j’en ai moins de regrets, puisque je connais personnellement celui dont le courageux dévoûment m’avait si vivement frappé ; — et M. de Rochegune tendit cordialement la main à M. Duval.

J’étais délicieusement émue ; je me rappelais avec quelle grâce touchante M. de Lancry m’avait raconté à l’Opéra l’histoire de M. Duval ; aussi le souvenir de Gontran se mêlait