Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/18

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vant témoins ; maintenant il n’osera plus le nier peut-être !

— Si, Monsieur… je le nierai, — dit M. de Rochegune, — car il m’importe que le véritable bienfaiteur soit connu. Quelque douce que me soit votre reconnaissance, je ne puis l’accepter ; je n’ai fait, en agissant ainsi, qu’obéir aux derniers vœux de mon père, — dit M. de Rochegune d’un ton triste et pénétré.

— Votre père, Monsieur, — s’écria M. Duval.

— Oui, Monsieur ! — encore une fois, — je n’ai fait qu’exécuter ses dernières volontés.

— Mais je n’avais pas l’honneur d’être connu de lui, Monsieur. Mais vous l’avez perdu bien avant l’époque où vous êtes si généreusement venu à mon secours.

— Quelques mots vous expliqueront, Monsieur, ce que je viens de vous dire. Mon père avait, dans sa jeunesse, placé une faible somme dans une de ces sociétés fondées au profit du dernier survivant. Il avait complètement oublié ce placement. Peu de temps avant sa mort, il reçut environ trois cent mille francs provenant de cette source. Un scrupule, dont