Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/193

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Maran, — vous devez être étonnée de me voir chez vous ?

— Étonnée ! Et pourquoi cela ma chère petite ?

Cet excès d’audace augmenta mon indignation.

— Écoutez-moi, Madame : il n’y avait au monde que la volonté de M. de Lancry qui pût m’obliger à vous revoir après les affreuses paroles que vous avez osé prononcer contre ma mère. Tout-à-l’heure j’avais peur de me trouver seule avec vous ; maintenant j’en ai moins de regret : je puis vous exprimer toute l’horreur que vous m’inspirez.

— Mathilde… vous oubliez…

— Je me souviens, Madame, de vos cruautés, je me souviens des chagrins dont vous avez abreuvé mon enfance et ma jeunesse. Pourtant j’aurais pu vous les pardonner en faveur du bonheur dont je jouis depuis mon mariage, bonheur auquel vous avez sans doute involontairement contribué…

— Involontairement, non, ma chère petite, je savais bien ce que je faisais ; c’est justement pour cela que votre ingratitude…