Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/194

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— Mon ingratitude ? Cette raillerie est cruelle, Madame !

— Eh… oui… oui… votre ingratitude, — s’écria mademoiselle de Maran en m’interrompant avec colère. — Oui, vous êtes une ingrate de ne pas avoir apprécié ce que je faisais pour vous… en empêchant votre mari de se couper la gorge avec ce misérable M. de Mortagne.

— Fallait-il, Madame recourir à une épouvantable calomnie pour empêcher ce malheur ? D’ailleurs, Gontran m’avait promis…

— Belle promesse qu’il n’aurait pas tenue !… au lieu que maintenant il respectera celui qu’il croit votre père…

— Maintenant, — m’écriai-je, — osez-vous croire M. de Lancry capable d’ajouter foi à un si abominable mensonge ? Ah ! Madame, j’aime bien mon mari, je sens mon amour assez puissant pour résister à toutes les épreuves, à son abandon même… il n’est au monde qu’une occasion où mon cœur trouverait la force de l’accuser… ce serait le jour où… Mais, non… non… c’est impossible, impossible ! Tout-à-l’heure encore il m’a répété que cette affreuse