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que vous avez à la main et dans les cheveux viennent de mes serres : c’est moi qui vous les ai envoyées ce matin. Savez-vous que je n’en donne pas à tout le monde, au moins ! J’avais, le printemps passé, donné la pareille garniture à la jolie petite madame de Berny… Ça lui a véritablement porté bonheur.

Ces fleurs, que je croyais devoir à Gontran, me firent horreur ; il me fut cruel de penser que mon mari s’était entendu avec cet homme pour me les faire accepter. Je vis quelque chose de sinistre dans le rapprochement qu’il faisait entre moi et cette femme dont madame de Richeville venait de me parler. Je ne pus vaincre un mouvement de colère ; dans mon dépit, j’arrachai quelques feuilles du bouquet que je tenais à la main.

— Prenez garde ! — s’écria M. Lugarto en me montrant une sorte de liqueur blanche qui sortait de la tige des feuilles arrachées ; — vous avez la main nue, cette substance est très corrosive ; ces fleurs sont charmantes, mais la plante qui les porte est très vénéneuse.

En effet, une goutte de cette liqueur blanche était tombée sur mon doigt : je sentis une lé-