Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/225

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été témoin chez lui avec ma tante et Gontran ; il me semblait très changé ; un sourire douloureux donnait un caractère singulièrement triste à sa figure, à la fois douce et grave.

— Vous n’êtes pas resté longtemps en voyage, Monsieur ; vos amis ont dû être bien satisfaits de votre prompt retour ? — dit M. Lugarto à M. de Rochegune avec une excessive affabilité ; — vous me permettrez, je l’espère, d’aller vous chercher un de ces matins.

— Je regretterais que vous prissiez cette peine, Monsieur, car on me trouve rarement chez moi, — répondit M. de Rochegune d’un ton glacial.

— Si je ne suis pas heureux dans ma prémière visite, — reprit M. Lugarto, — je le serai peut-être dans la seconde, Monsieur. Je ne me décourage pas facilement, lorsqu’il s’agit d’une chose à laquelle j’attache beaucoup de prix.

— Vous êtes trop bon, Monsieur, je crains que vous vous exagériez beaucoup la valeur de mes relations ; d’ailleurs, je n’ai ici qu’un pied-à-terre tellement modeste, que je n’y puis absolument recevoir que mes amis.