Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/256

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— Puisque l’occasion se présente, — reprit M. de Lancry après un long silence, — j’en profiterai pour vous donner quelques avis dont vous profiterez, je l’espère… Je ne sais pas quelle idée romanesque vous vous êtes faite du mariage ; mais permettez-moi de vous dire ce qu’il doit être pour des gens raisonnables. Comme deux amants ou plutôt comme deux enfants, nous avons joué au bonheur solitaire, à une chaumière et à un cœur : toute exagération a un terme, nous avons usé toutes ces joies pastorales. Maintenant, nous devons seulement voir dans le mariage une douce intimité basée sur une confiance et surtout sur une liberté réciproque ; nous sommes du monde, nous devons vivre pour et comme le monde.

— Gontran, vous souvenez-vous de ce que vous me disiez : « Pour moi le mariage, c’est l’amour, c’est la passion dans une union bénie de Dieu ? » — Vous souvenez-vous que vous me disiez encore : « Il me serait impossible de me résoudre à ces relations froides et monotones où le cœur n’a point de part ?… »

— Je vous disais cela ! je vous disais cela…