Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/263

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mari s’occupe de sa femme, et qu’il l’entoure des soins qu’il prodigue à toute autre ! Singulier usage qui consacre pour ainsi dire les apparences de l’infidélité comme une coutume de bonne compagnie ! qui flétrit d’un ridicule impardonnable tout empressement légitime et naturel !… Vous haussez les épaules, Gontran… Ces réflexions d’un cœur ulcéré vous font pitié, n’est-ce pas ?

— Encore une fois, Madame, puisque nous vivons dans le monde, pour l’amour du ciel vivons en gens du monde… Quant à moi, je suis décidé à ne rien changer à ma conduite… et je désire… je n’aimerais pas à vous dire je veux, que vous modifiiez la vôtre… Il m’est déjà assez pénible de vous voir si mal répondre aux prévenances de mon meilleur ami. Mais j’ai renoncé à tout espoir de ce côté. Heureusement l’affection de Lugarto pour moi n’est pas de celles qu’une fantasie, qu’une antipathie déraisonnable peut attiédir.

— Et je vous dis, moi, que vous n’avez pas de plus mortel ennemi que cet homme, — m’écriai-je ; — et je vous dis qu’il est la seule cause de tous mes chagrins et des vôtres. L’instinct