de mon cœur ne me trompe pas : il exerce sur vous je ne sais quelle mystérieuse influence ; j’en ignore les causes, mais elle existe, entendez-vous, Gontran, elle existe. Bien des fois, malgré votre apparente sérénité, j’ai surpris sur vos traits l’expression d’un sombre désespoir ; ce ne sont plus des soupçons, maintenant, ce sont des certitudes. Cel homme, je le hais… Et vous-même, au fond de votre cœur… vous me savez gré de cette haine… vous la partagez !…
— Mais c’est intolérable ! Eh ! pourquoi, Madame, voulez-vous que je ne m’abaisse à feindre une amitié que je ne ressens pas ?
— Là est le mystère, Gontran… Et si je ne craignais pas… Eh ! d’ailleurs, pourquoi craindrais-je de tout vous dire ? ne s’agit-il pas de votre bonheur, du mien ?… Eh bien ! oui… cet homme vous domine malgré vous, et vous n’osez pas m’avouer la cause de cette domination ; pourtant me méconnaîtriez-vous au point de croire que je ne puis tout vous pardonner ?… auriez-vous envers moi une fausse honte ? En m’unissant à vous, n’ai-je pas voulu partager non-seulement votre vie à venir, mais, si cela se