Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/268

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comme nous nous aimons, car vous m’aimez… malgré vos coquetteries avec cette belle princesse, est-ce qu’il y a des jours mauvais ? Mais souvenez-vous donc de cette histoire si touchante que vous me racontiez à l’Opéra avec tant de charmes. Eh bien ! nous ferons comme ces deux jeunes gens si nobles, si courageux…

Gontran se leva brusquement, et me dit avec une ironie amère :

— En vérité, vous peignez là une existence bien digne d’envie, et bien faite pour compenser la perte d’une grande fortune ! Belle vie que celle-là ! Je suis fou d’écouter vos rêveries ; une fois pour toutes, vous m’obligerez de ne plus revenir sur ce chapitre. Vos suppositions n’ont pas de sens ; aucune obligation ne me lie à Lugarto : il m’a rendu autrefois quelques services, mais ce ne sont nullement des services d’argent. Je m’étonne qu’avec l’exaltation romanesque de vos idées, vous ne compreniez pas que la reconnaissance suffise pour former des liens indissolubles d’une fervente amitié. En résumé, je vous dirai que votre jalousie est dérisoire, que vos soupçons sur Lugarto sont