Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/267

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dans la solitude, loin de ces plaisirs qui sont pour moi une fatigue, car mon cœur n’y prend pas de part ? Mon ami, vous êtes ému, je le vois… Oh !… par grâce, écoutez celle qui ne songe qu’à votre bonheur, qui l’achèterait au prix de sa vie entière… Gontran, c’est à genoux, à genoux que je vous en supplie, ne me cachez rien, comptez sur moi… Mettez mon amour à l’épreuve, cherchez-y un refuge, une consolation, vous verrez s’il vous manque.

Je me mis aux genoux de Gontran. La tête baissée sur sa poitrine, les yeux fixes, il semblait profondément absorbé ; sans me répondre, il poussa un long soupir et cacha sa tête dans ses deux mains.

— Oh ! je le vois… je le vois, — m’écriai-je presque avec joie, — je ne me suis pas trompée : courage ! mon ami, courage ! Tenez, j’admets l’impossible… Supposons que, pour vous libérer envers cet homme, nous soyons ruinés tout-à-fait ; ne nous restera-t-il pas Ursule, mon amie ? Mon Dieu ! je viendrais à elle aussi confiante, aussi heureuse qu’elle l’aurait été elle-même en venant à moi. Quand on s’aime