Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/28

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vous de ce mariage. Votre tante le protège, il doit vous être fatal.

Je reconnaissais aussi que la duchesse ne m’avait pas trompée sur les qualités qu’elle accordait à M. de Rochegune, que M. de Mortagne aurait voulu me voir épouser.

Je l’avoue, un moment je fus inquiète de l’apparente gravité de ces réflexions. Mon cœur trembla, pour ainsi dire, de voir mon esprit embarrassé pour y répondre.

Par instinct je jetai les yeux sur Gontran… La vue de sa physionomie si noble, si douce, si loyale, me rassura.

Ce n’est pas mademoiselle de Maran, c’est mon cœur qui a fait ce mariage, me dis-je ; et enfin, parce que M. de Rochegune a de généreuses qualités, est-ce une raison pour que Gontran n’en ait pas ? N’est-ce pas lui qui le premier m’a raconté cette touchante action si noblement récompensée ? Tout-à-l’heure encore n’a-t-il pas partagé mon émotion ?

Ces réflexions chassèrent les impressions pénibles que les paroles perfides de ma tante avaient fait naître. Lorsque nous descendîmes de voiture, un