Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/281

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le prétexte de me promener dans le jardin avant de revenir veiller, chaque soir je mettais ma lettre sous la grille, et cet inconnu venait la prendre. Le jour où vous avez été si mal, j’écrivis un mot à la hâte et je le portai comme d’habitude. Le lendemain je ne pus sortir de chez vous que très tard, lorsque vous étiez un peu assoupie ; il y avait du mieux ; j’étais tout heureuse ; j’écrivis deux mots pour M. de Mortagne, je courus à la grille ; la nuit était noire. L’inconnu m’entendit sans doute, car il me dit à voix basse :

— Madame Blondeau, — c’est vous ?

— Oui, Monsieur, — lui dis-je. — Au nom du ciel, comment va-t-elle ? s’écria-t-il d’une voix qui me parut bien altérée. — Mieux, bien mieux, dites le à M. de Mortagne, — lui répondis-je ; — je sors seulement depuis hier de la chambre de cette pauvre madame, et j’apportais un petit mot. — Je crois qu’en apprenant cette bonne nouvelle, la personne inconnue tomba à genoux, car la voix s’abaissa pour ainsi dire, et j’entendis ces mots prononcés comme par quelqu’un qui prie : « Mon Dieu ! mon Dieu ! soyez béni, elle vit, elle vivra. » — Je re-