Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/289

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— Savez-vous où est M. de Mortagne, Monsieur ?

— Non, Madame… et je regrette d’autant plus de ne pas le savoir, que je suis au moment de quitter la France… pour bien longtemps peut-être… Avant mon départ je voulais avoir l’honneur de venir prendre vos ordres, Madame, dans le cas où vous auriez eu quelque commission à me donner pour Naples, où je vais m’embarquer.

— Vous êtes mille fois bon, Monsieur, mais je n’ai pas à profiter de votre extrême obligeance.

M. de Rochegune garda quelques moments le silence d’un air embarrassé. Par deux fois il leva les yeux sur moi, par deux fois il les baissa ; enfin, après une assez longue hésitation, il me dit d’un air grave, solennel :

— Madame, me croyez-vous un honnête homme ?

Je regardai M. de Rochegune avec étonnement.

— Vous êtes l’ami de M. de Mortagne, — lui dis-je, — et le hasard m’a permis de me convaincre, Monsieur, que vous étiez digne de