Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/297

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il me semblait si beau d’avoir la mission de vous faire oublier une enfance, une jeunesse malheureuses ! l’amitié prévenue de M. de Mortagne me montra l’avenir sous un si beau jour, que je revins à Paris partageant presque les espérances de mon ami. Tout-à-coup deux nouvelles foudroyantes firent évanouir ce beau rêve : votre mariage était arrêté avec M. de Lancry ; et M. de Mortagne, ayant voulu se mettre trop tôt en route, était retombé gravement malade à Lyon : l’on désespérait presque de ses jours. Je courus près de lui… Ce que je lui appris empira tellement sa maladie, qu’il fut saisi d’une fièvre ardente ; elle dura un mois environ. Quelques affaires pressantes m’obligèrent de le précéder à Paris ; il y arriva la veille de votre mariage. Quant à moi, renonçant à un espoir caressé depuis bien longtemps, je résolus de voyager ; je mis cette maison en vente, alors que j’eus l’honneur de vous voir chez moi, Madame, avec M. de Lancry et mademoiselle de Maran.

— Permettez-moi une question, Monsieur, savez-vous la démarche que madame de Richeville a faite auprès de moi avant mon mariage ?