Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/302

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je n’ai craint de voir ces relations que j’abhorre interprétées de la sorte.

M. de Rochegune me regardait avec une expression de pitié douloureuse.

— Hélas ! Madame, — reprit-il après un assez long silence, — il m’en coûte de vous convaincre d’une réalité bien affligeante ; mais votre repos, mais… le dirai-je ? le soin de l’honneur… oui, de l’honneur de M. de Lancry, me font un devoir de vous éclairer.

— Ah ! monsieur, parlez…

— Vous êtes bien jeune, Madame ; vous êtes fière de la noblesse, de la pureté de vos sentiments ; vous êtes fière de l’amour que vous éprouvez, de celui que vous inspirez à l’homme que vous avez choisi ; vous êtes fière de votre bonheur enfin, parce qu’il est noble, grand et légitime ; vous dédaignez des calomnies infâmes ; qui voudra les croire ? dites-vous. Écoutez, Madame. Au lieu de supposer le monde ce qu’il est, avide de scandale et de médisance, croyant au mal, parce que la sottise et la vulgarité ont juste l’intelligence qu’il faut pour répéter, pour colporter une médisance ; supposez le monde spectateur impar-