Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/305

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— Eh bien, Madame, votre tante a l’infamie de répéter que M. de Lancry, voyant ses affaires embarrassées, s’est adressé à l’obligeance de M. Lugarto, et qu’il est dans une telle dépendance à l’égard de cet homme, qu’il se voit presque forcé de souffrir ses assiduités auprès de vous.

— Oh ! mon Dieu !… mon Dieu ! m’écriai-je en cachant mon visage dans mes mains…

— Vous frémissez, Madame ; c’est un abîme de honte et d’infamie, n’est-ce pas ? Vous si noble, vous si pure ! c’est à peine si vous pouvez comprendre ce tissu d’horreurs… Eh bien, Madame, croyez un homme qui de sa vie n’a fait un mensonge… Tel est le bruit qui court sur vous, sur M. de Lancry, sur M. Lugarto… Et ce n’est pas un vain bruit sans écho, Madame, non… non ; malheureusement c’est une conviction basée sur les apparences les plus funestes. M. Lugarto a agi avec une infernale habileté ? M. de Lancry, vous-même, Madame, à votre insu, vous avez accrédité ces abominables calomnies.

Je restais anéantie ; je m’expliquais alors l’invincible aversion, la terreur instinctive