Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/306

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que m’inspiraient les soins de M. Lugarto. Alors je voyais toute l’étendue du mal.

Mes soupçons sur la nature des obligations que M. de Lancry avait pu contracter envers M. Lugarto me semblaient justifiés. En cela, sans doute, mademoiselle de Maran ne calomniait pas.

Quoique sans expérience du monde, je le connaissais assez pour savoir qu’il accueillait les bruits les plus infâmes. Malheureusement mille circonstances interprétées dans le sens odieux qu’on attachait aux relations qui existaient entre nous et M. Lugarto me revinrent à l’esprit.

Jusqu’alors elles m’avaient semblé insignifiantes, à cette heure elles m’épouvantèrent par l’influence qu’elles pourraient avoir sur les jugements du monde.

Je me sentis un moment accablée ; j’appuyai ma tête brûlante dans mes deux mains sans trouver une parole.

— Vous le voyez, Madame, — me dit M. de Rochegune, — il fallait toute l’impérieuse nécessité du devoir, il fallait l’absence de M. de Mortagne, pour me décider à venir vous parler