Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/319

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de madame de Lancry ? elle a su fixer, adoucir, assouplir cet homme, le plus indomptable qu’il y ait au monde !!!

Si je n’avais pas senti au brisement de mon cœur que je touchais à une crise fatale de ma vie, et qu’un grand danger grondait sourdement autour de moi et de Gontran, l’incroyable suffisance de cet homme, sa fatuité cynique, dont le ridicule touchait à l’odieux, m’auraient fait sourire de pitié ; mais j’étais obsédée par de cruels pressentiments.

M. Lugarto m’épouvantait ; il me semblait que, malgré sa grossière audace, il ne m’aurait pas parlé ainsi, à moi, s’il n’avait cru pouvoir le faire presque impunément. Aussi, je lui dis en joignant les mains avec frayeur :

— Que se passe-t-il donc, Monsieur, que vous osiez me parler ainsi ?

— Mon langage est tout simple pourtant… Mon Dieu ! rassurez-vous… je ne suis pas exigeant… je ne vous demande que des espérances pour l’avenir, accompagnées d’un peu de confiance pour le présent. Laissez-vous aimer, ne vous occupez plus du reste ; seulement soyez assez loyale pour me promettre de ne