Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/32

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rendre Ursule la plus heureuse des femmes ? Vous voulez donc nous faire oublier, nous tous, qui l’aimons tant ? Savez-vous bien que je vais devenir très jalouse de vous au moins, monsieur Sécherin ? Oui, sans doute, et d’abord je dois vous prévenir d’une chose, c’est qu’ici nous avons l’habitude de parler en toute franchise, nous vivons bonnement en famille ; dans une demi-heure, vous nous connaîtrez comme si nous avions passé notre vie ensemble. Moi, je suis une vieille bonne femme qui rabâche toujours la même chose… que j’adore ces deux enfants, Mathilde et Ursule ; ainsi, tenez-vous bien pour averti que je ne taris pas, quand il s’agit d’elles ; aussi j’aime ceux qui les aiment presque autant que je les aime, elles ; après cela je suis grondeuse, boudeuse, quinteuse et râchonneuse, parce que c’est le privilége de la vieillesse. Eh bien, pourtant, malgré tout ça, monsieur Sécherin, je ne sais pas comment ça se fait… mais on finit toujours par m’aimer un peu.

M. Sécherin fut complètement dupe de cette feinte bonhomie. J’observais sur sa physionomie franche et cordiale la confiance croissante