Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/33

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que lui inspirait ma tante ; son embarras, sa gêne disparurent ; il s’écria joyeusement :

— Ma foi, tenez, Madame, je ne crois pas qu’on doive vous aimer un peu ! moi, je crois qu’on doit vous aimer beaucoup. Et, puisqu’il faut vous parler franchement, je vous avoue que vous me faisiez une peur diabolique. Eh bien ! votre accueil m’a tout de suite rassuré.

— Comment ! vous aviez peur de moi, mon cher monsieur Sécherin ? Eh ! pourquoi donc cela, s’il vous plaît ?

En vain Ursule fit signes sur signes à son mari, il ne les aperçut pas.

— Certes, Madame, j’avais peur de vous, — reprit M. Sécherin de plus en plus confiant — et il y avait bien de quoi.

— Ah ! mon Dieu ! mais vous m’interloquez, monsieur Sécherin !

— Eh ! sans doute, Madame ; mon beau-père, M. le baron d’Orbeval, me cornait toujours aux oreilles : Prenez bien garde, mon gendre ! mademoiselle de Maran est une grande dame ! Si vous aviez le malheur de lui déplaire, vous seriez perdu, car elle a de l’esprit vingt fois