Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/356

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notre soirée, — ajouta-t-il avec un sourire sardonique.

— Ni moi non plus, mon cher, — reprit Gontran.

J’étais désolée, je croyais cette malheureuse soirée terminée. Tout Paris était à Tortoni ; notre présence allait être une nouvelle occasion de calomnies.

En regagnant notre voiture, M. Lugarto me dit à voix basse :

— Je n’ai pas été dupe de Lancry ; la duchesse de Berry l’a reçu de la manière la plus humiliante. J’ai vu cela aux figures rayonnantes des personnes qui accompagnaient Son Altesse ; car Gontran est aussi détesté par les hommes que vous l’êtes par les femmes, tout cela grâce à vos avantages naturels à tous deux. Vous le voyez bien, la ville et la cour, comme on disait autrefois, croient que nous sommes ensemble du dernier mieux… Vous n’avez donc plus maintenant à craindre pour votre réputation… Laissez-moi donc vous aimer, vous verrez que je parviendrai à me faire supporter… Déjà, ce soir, vous êtes mieux pour moi… Tenez… je vous aime tant, que si vous