Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/41

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J’étais navrée pour elle. Gontran souriait malgré lui ; mademoiselle de Maran triomphait. Pourtant elle ne voulut pas trop prolonger cette scène, et reprit aussitôt :

— Voulez-vous bien vous taire, monsieur Sécherin, vilain indiscret ! Est-ce qu’on dit ces choses-là ? On garde ces friands petits bonheurs-là pour soi tout seul ; ce sont de ces petites félicités coquettes et mysticoquentieuse dont on se chafriole en secret et qu’on n’avoue pas ! Ursule vous aurait mille et mille fois appelé son gros loup qu’elle se ferait plutôt tuer que de l’avouer, et elle aurait raison. Je vous répète que vous êtes un vilain indiscret. Ah ! les hommes !… les hommes !… nous ne pouvons pas leur laisser lire dans notre cœur nos plus charmantes préférences, nous ne pouvons pas les leur témoigner par les noms les plus doux, sans qu’ils aillent tout de suite se vanter de cela de toutes leurs forces !

— Eh bien ! c’est vrai, Madame, — dit M. Sécherin, — j’ai eu tort, vous avez raison, toujours raison ; encore une leçon dont je profiterai, Je garderai bellotte et gros loup pour nous deux ma femme.