Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/42

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— Et vous ferez bien. Mais parlez-moi donc de ces biens d’émigrés que monsieur votre père avait achetés lorsqu’il était petit marchand. Vous ne savez pas comme ça m’intéresse. Est-ce qu’ils étaient considérables, ces biens ?

— Oui, Madame, ils avaient appartenu en partie à la famille de Rochegune avant la révolution : mais à la restauration mon père les a revendus au vieux marquis.

À ce nom, qui revenait si singulièrement et si souvent dans cette journée, ma tante fronça le sourcil.

— Est-ce que M. de Rochegune a encore beaucoup de propriétés dans cette province, Monsieur ? — demanda Gontran.

— Certainement, Monsieur ; il a toutes les propriétés de son père comme il en a toutes les qualités… L’hospice des vieillards fondé par feu M. le marquis est à deux lieues de chez moi. Ah ! Madame, — ajouta M. Sécherin avec exaltation en se retournant vers ma tante, — quel bien feu M. le marquis faisait dans le pays !… et avec cela si peu fier. Enfin, Madame, figurez-vous que, tant qu’il restait à