Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/53

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ce que tu dis… Souviens-toi donc de ma lettre ? Est-ce que je ne sens pas tes larmes couler sur mes joues ! — lui dis-je en l’embrassant, — est-ce que je ne vois pas, hélas ! que tu es bien malheureuse ? Que me fait, après tout, un mensonge de ton mari ?

— Un mensonge… non, ce n’est pas un mensonge, Mathilde… non. Ces mots, si ridiculement familiers, je les ai dits… entends-tu… Je les ai dits…

— Tu les as dits… Ursule ?…

— Oui, oui… Ainsi laisse-moi… tu le vois bien… je suis la plus dissimulée… la plus fausse des créatures… Je feins le désespoir pour me faire plaindre, tandis qu’au fond je suis ravie de ce mariage… Mon mari est si riche… après tout ! Ô honte ! ô infamie !

Et Ursule appuya avec force ses deux mains sur son front…

— Non… il n’y a pas de honte, il n’y a pas d’infamie, — m’écriai-je. — Il y a là un mystère que je ne comprends pas. Eh ! que m’importe après tout quelques paroles passées ; tu souffres, tu pleures : eh bien ! je veux souffrir, je veux pleurer avec toi… Vois mes