Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/52

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veux-tu dire ? pourquoi veux-tu donc que je te méprise ?

— Pourquoi, Mathilde ? peux-tu me le demander ? Comment ! il y a quinze jours, je t’écris une lettre désolée, une lettre qui te peignait l’affreux bouleversement de mon cœur. Tu t’émeus de mon désespoir, tu plains ton amie… tu pleures sur son sacrifice, sur ses illusions perdues, et, tout-à-l’heure, tu entends dire que cette femme qui, un moment, n’avait vu d’autre refuge que la mort pour échapper à cet odieux avenir ; que cette femme, trois jours après ce mariage détesté, prodigue à son mari les noms les plus ridiculement familiers… Encore une fois, Mathilde, je te dis que tu me méprises… ou bien tu caches ce sentiment et je te fais pitié… Mais la pitié… je n’en veux pas… j’aime mieux le dédain… j’aime mieux la haine… j’aime mieux l’indifférence ; mais la pitié… oh ! jamais, jamais !

Et mettant son mouchoir sur sa bouche, Ursule étouffa les sanglots qu’elle ne pouvait contenir.

— Mais tu es folle, Ursule ! tu ne penses pas