Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/56

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gage commun me choque, ces familiarités, presque grossières, me révoltent… Ma vie, désormais, doit se passer dans la compagnie de cet homme ; il faut renoncer à toutes mes idées de jeune fille. Désormais je dois vivre d’une vie tout autre… Du courage… tout est fini, tout !!! — et les larmes couvrirent la voix d’Ursule. — C’est la délicatesse naturelle de mes habitudes, — reprit-elle, — de mes penchants qui me rend si malheureuse. Eh bien ! puisque je ne puis pas élever mon mari jusqu’à moi… je m’abaisserai jusqu’à lui… Oui, ce langage qui me révolte, je le parlerai… ces manières qui me font frissonner de répugnance, je les imiterai… Mathilde ! Mathilde ! cela, je l’ai fait ; j’ai flatté cet homme comme il voulait être flatté. J’ai feint de l’aimer comme il voulait être aimé… Ses expressions ridiculement familières je les ai répétées en rougissant d’humiliation et de honte… Oh ! ma sœur, ma sœur… tu ne sauras jamais ce que j’ai souffert pendant les huit jours d’épreuves que je m’étais imposés !… Tu ne sauras jamais ce qu’il y a d’affreux dans cette profanation de soi-même, dans ce mensonge des