Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/59

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que près de toi j’oublie mon malheur, et que tu as toujours le don de me faire espérer. Mais, hélas ! maintenant, Mathilde, il me sera difficile de me faire illusion.

— Je ne te demande pas de te faire illusion : je ne te demande que de croire aux réalités… Tu verras ton mari dans un an ! Combien ton amour pour lui l’aura transformé !

— Mais vois combien le chagrin rend égoïste ! — me dit Ursule ; — je ne te parle pas de ton bonheur ; tu dois être si heureuse, toi !

— Oh ! oui, maintenant surtout que tu es là pour partager ce bonheur… Tiens, Ursule, si je te savais sans chagrin, je ne connaîtrais pas de félicité égale à la mienne : Gontran est si bon, si dévoué ! c’est un si noble cœur, un caractère si élevé ! et puis, il me comprend si bien ! Oh ! je le sens là… à la sécurité de mon cœur, c’est un bonheur de toute la vie. Il m’inspire une confiance inaltérable ; la mort seule pourrait la troubler. Et encore ! Non, non, quand on s’aime ainsi, quand on est aussi heureuse que je le suis, l’on ne survit pas ; on meurt la première… Non, rien au