Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/64

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ironie qui la rendait si redoutable. Elle semblait soucieuse et accablée.

J’hésitais à lui parler. En m’appuyant sur la cheminée, je remuai un flambeau. Mademoiselle de Maran retourna vivement la tête.

— Qui est là ? — s’écria-t-elle. Elle me vit, laissa retomber le médaillon qu’elle tenait à la main et resta quelques moments rêveuse.

— Nous allons nous séparer, Mathilde, — me dit-elle avec un accent de douceur qui me rendit muette de surprise. — Votre première jeunesse n’a pas été heureuse, n’est-ce pas ? Ce sera toujours avec amertume que vous vous souviendrez du temps que vous avez passé près de moi.

— Madame…

— Oh ! ça doit être… je le sais bien, — reprit-elle d’une voix lente, et comme si elle se fût parlé à elle-même. — Vous m’avez souvent trouvée dure, acariâtre, à votre égard. Je n’ai pas été pour vous ce que j’aurais dû être… Non, je le sais bien… C’est sans doute pour cela que j’éprouve une sorte de chagrin de vous