Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/75

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me confier une seconde fois, je me rappelai malgré moi ce que m’avait dit la duchesse de Richeville… Et pourtant… je n’avais pas la moindre défiance de Gontran, lui-même n’avait-il pas été au-devant de mes soupçons en m’avouant les torts qu’on pouvait lui reprocher ? et puis, d’ailleurs, je l’aimais passionnément. J’avais en lui une foi profonde.

Je ne me sentais si assurée, si charmée de mon avenir, que parce qu’il en était chargé. Il en était de même de l’amitié d’Ursule ; je la croyais aussi dévouée, aussi sincère que celle que j’éprouvais moi-même pour elle.

La cruelle inquiétude que mademoiselle de Maran m’avait jetée au cœur planait donc au-dessus des deux seules affections que j’eusse, et semblait les menacer toutes deux sans en attaquer aucune.

Je trouvai dans le salon la corbeille que m’envoyait M. de Lancry. Ainsi que l’avait prévu ma tante, il était impossible de rien voir de plus élégant et de plus riche : diamants, bijoux, dentelles, châles de cachemire, étoffes, etc., tout était en profusion et d’un goût exquis. Mais j’étais trop triste pour jouir de