Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/78

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ment. M. de Mortagne vint droit à moi, je me levai ; il me prit les mains, me regarda quelques minutes ; l’expression farouche de ses traits s’adoucit, il m’embrassa tendrement sur le front, et me dit :

— Enfin me voici, pourvu qu’il ne soit pas trop tard… — Et me considérant attentivement, il ajouta : — C’est sa mère… tout le portrait de sa pauvre mère ! Ah ! je comprends bien la haine du monstre.

La première stupeur passée, mademoiselle de Maran retrouva son audace habituelle, et s’écria résolument :

— Qu’est-ce que vous venez faire ici, Monsieur ?

Sans lui répondre, M. de Mortagne s’écria d’une voix tonnante :

— Je viens ici accuser et convaincre trois personnes d’indignes manœuvres et de basse cupidité ! Ces trois personnes sont vous, mademoiselle de Maran ! vous, monsieur d’Orbeval ! vous, monsieur de Versac !

Ma tante s’agita sur son fauteuil, M. d’Orbeval pâlit d’effroi, et M. de Versac se leva ; mais son neveu s’écria vivement :