Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/83

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connaissez-vous ces proclamations incendiaires ? Tout ceci vous étonne, messieurs ? — dit M. de Mortagne en voyant les regards de curiosité inquiète qu’on jetait sur ces mystérieux papiers. — Vous ne me comprenez pas encore ? Je le crois sans peine ; jamais complot n’a été plus méchamment et plus habilement conçu ; écoutez donc… et apprenez à connaître cette femme.

Il y a huit ans, je l’accusai devant vous tous, qui composiez le conseil de famille de ma nièce, d’élever en marâtre cette malheureuse enfant ; je vous demandais de la retirer ; vous m’avez refusé ; j’étais seul, vous aviez le nombre pour vous, je me résignai. Obligé de partir, j’espérais bientôt revenir à Paris, et bon gré malgré exercer une surveillance continue sur l’éducation de Mathilde. Mon retour épouvanta sa tante ; vous allez voir comme elle l’empêcha… Vous tremblez devant cette femme, je le vois. Mais vous aurez peut-être le courage de reconnaître la noirceur de cette âme, s’il y a une âme dans ce corps…

— Et vous souffrez cela ? et vous me laissez